Les délégués des pays d'Afrique de l'Est et d'Afrique centrale se sont engagés à poursuivre leur collaboration en matière de prévention de la torture lors d'une importante conférence régionale sur le protocole facultatif à la convention contre la torture (OPCAT).
Cette conférence, à laquelle ont participé plus de 60 représentants de 18 pays, a été l'occasion pour les États de partager leurs expériences, leurs défis et les enseignements qu'ils ont tirés en matière de prévention de la torture.
Alors que la Convention des Nations unies contre la torture a été ratifiée par la quasi-totalité des États africains (52), seuls 24 États africains - dont cinq d'Afrique de l'Est et d'Afrique centrale - ont ratifié l'OPCAT.
Organisée par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et soutenue par l'APT, la conférence de trois jours qui s'est tenue à Yaoundé, au Cameroun, visait à faire progresser la ratification de l'OPCAT dans la région, dans le cadre d'une campagne menée par les Nations Unies à l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l'homme.
“L'OPCAT est plus qu'un simple morceau de papier. Il incarne une réalité tangible qui renforce la protection des personnes privées de liberté".
Florence Simbiri Jaoko, Vice Presidente de l'APT
L'importance de la ratification de l'OPCAT, de la désignation des mécanismes nationaux de prévention (MNP), de la promotion de leur fonctionnement efficace et de la coopération avec le sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture (SPT) ont été les principaux sujets de discussion.
Des représentants des mécanismes nationaux de prévention du Sénégal et de la Tunisie ont fait part de leur expérience et des défis auxquels les mécanismes nationaux de prévention peuvent être confrontés, en particulier au cours de leur phase initiale. Ils ont souligné que la collaboration avec les parties prenantes nationales, les autres MNP et le SPT était essentielle pour surmonter ces difficultés.
Les visites du SPT dans les pays ont également été un sujet de discussion important. Paola Biyogou, responsable des droits de l'homme au ministère de la Justice du Gabon, a fait part de son expérience concernant la première visite du SPT dans le pays en 2013, déclarant que le gouvernement avait d'abord eu des inquiétudes, mais que son point de vue avait changé après la visite.
"La visite a permis de diagnostiquer les problèmes et d'identifier des solutions à long terme", a déclaré Mme Biyogou, exprimant son enthousiasme pour une deuxième visite du SPT au Gabon.
La conférence a également contribué à clarifier certaines idées fausses concernant l'OPCAT, telles que la croyance selon laquelle les conditions de détention devraient être améliorées avant la ratification, ou que la ratification constituait un défi à la souveraineté des États.
Joao Nataf, représentant le secrétariat du SPT, a souligné les principes fondamentaux qui sous-tendent l'OPCAT, notamment la coopération, la confidentialité, l'impartialité, l'objectivité, la non-sélectivité et l'universalité. Il a également souligné, par exemple, la nécessité pour un État d'autoriser la publication du rapport du SPT à la suite d'une visite.
Les délégués ont considéré la conférence comme une expérience d'apprentissage précieuse et se sont engagés à faire progresser la ratification et la mise en œuvre de l'OPCAT dans leurs pays respectifs. Ils ont remercié l'APT pour ses ressources sur l'OPCAT, notamment les cours disponibles en ligne sur le Village d'apprentissage de la prévention de la torture, ainsi que les informations et les ressources préparées par le HCDH.
Juvenal Babona, représentant de l'APT pour l'Afrique, a souligné l'importance de réunir les États pour partager leurs expériences et promouvoir les progrès en matière de prévention de la torture.