Il y a 70 ans, le 10 décembre 1948, les Nations Unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH). L'article 5 proclamait pour la première fois le droit de ne pas être soumis à la torture. Cet article est essentiellement préventif. Il s'agit de s'assurer que la torture ne se produise pas. Les États doivent prendre des mesures concrètes pour protéger toutes les personnes, et ce sans aucune forme de discrimination.
Aujourd'hui, cela reste une promesse plutôt qu'une réalité. Aucun pays n'est à l'abri du risque de torture et de mauvais traitements. Le processus commence bien avant l'acte de torture même, qui prolifère dans les sociétés où les dirigeants tolèrent les abus, où la police la considère comme une force et où la violence est acceptée dans les écoles ou à la maison. Cela commence lorsque « l’autre » n’est pas considéré comme un égal, mais par quelqu'un qui mérite d’être traité différemment et mal.
La prévention de la torture est l'une des réponses, et ça marche. Des mesures concrètes, simples et économiques peuvent réduire les risques de torture et de mauvais traitements. Les plus efficaces sont les garanties pendant les premières heures de la garde à vue. La famille doit être immédiatement informée de l’arrestation et de la détention proche. La personne détenue doit pouvoir contacter un avocat, qui puisse être présent lors de son entretien avec la police. Et toutes les personnes devraient être informées de leurs droits dès leur arrestation.
Une autre mesure clé pour réduire le risque de torture est la formation professionnelle et opérationnelle des forces de l’ordre. En particulier, la police devrait être efficacement formée à la conduite d'entretiens éthiques et non coercitifs afin d'éviter la violence et les risques d'aveux forcés.
Ouvrir les lieux de détention à un contrôle extérieur a également des résultats positifs. Des experts indépendants devraient être autorisés à se rendre dans les postes de police, les prisons, les centres pour mineurs, les établissements psychiatriques ou les zones de transit dans les ports ou les aéroports, et à faire des recommandations aux autorités pour améliorer le traitement et les conditions de détention des détenus.
Enfin, les personnes en situation de vulnérabilité, telles que les enfants, les femmes, les personnes handicapées, les personnes LGBTI ou les migrants, requièrent une protection spécifique. À cet égard, l’adoption aujourd’hui à Marrakech du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière et l’objectif consistant à utiliser la détention de migrants « seulement comme une mesure de dernier recours » constituent une occasion pour les États d’honorer la promesse faite il y a 70 ans.