Groupes

Éléments clés

La formation est importante afin que le personnel pénitentiaire soit doté des connaissances, compétences et des attitudes nécessaires à la réalisation de leur mission, dans le respect des droits et de la dignité des détenu·e·s. Le travail en prison et complexe et requiert donc une large palette de compétences. Les nouvelles recrues n’ont souvent aucune connaissance du travail en prison avant d’être embauchées. La formation contribue donc à développer et à garder un personnel pénitentiaire compétent, motivé et engagé. Les programmes de formation du personnel devraient inclure une formation initiale dès l’embauche ainsi que des opportunités de formation continue tout au long de leur carrière. Ces formations doivent être basées sur une compréhension claire de la fonction du travail en prison et des droits humains qui la sous-tendent. 

Analyse

Formation initiale

La formation initiale devrait être obligatoire pour tout·e nouveau/nouvelle membre du personnel, afin de le préparer à son rôle. Les programmes de formation devraient être fondés sur la définition des objectifs du travail en milieu carcéral. Ils devraient être aussi participatifs que possible et inclure une formation et évaluation aussi bien théorique que pratique. Il n’existe aucune norme quant à la durée appropriée d’un programme de formation initiale. Ces formations doivent cependant être suffisantes pour que le personnel comprenne bien les principes relevant de sa mission, et pour qu’il acquière les connaissances et compétences opérationnelles et techniques nécessaires à la réalisation de son travail. 

Contenu de la formation initiale

Les programmes de formation initiale devraient inclure :

  1. La compréhension du rôle de la prison dans la société, et que les prisons sont des lieux spéciaux, des institutions fermées avec leurs propres caractéristiques spécifiques.
  2. Les principes sous-tendant le travail en milieu carcéral : la dignité et l’humanité de toutes les personnes détenues, ainsi que les normes relatives aux droits humains et les principes d’égalité et de non discrimination.
  3. Les compétences techniques nécessaires pour le travail en milieu carcéral (par ex. les technologies relatives à la sécurité, la vérification des détenus, la supervision, la tenue de registres et l’élaboration de rapports, l’usage de la force, la contrainte physique et les fouilles, etc.) et leur application dans la pratique au vue des principes établis précédemment.
  4. Des compétences personnelles de communication, notamment la manière de développer des relations positives avec les détenus et de désamorcer les tensions et les situations sans le recours à la force (également appelé sécurité dynamique).
Formation continue

D’autres opportunités de développement professionnel devraient être régulièrement offertes aux membres du personnel pénitentiaire tout au long de leur carrière, pour veiller à ce qu’ils/elles conservent leurs connaissances et aptitudes, et qu’ils/elles connaissent les concepts les plus récents et les techniques les plus pertinentes pour leur travail. Cela est également important pour la motivation et la rétention du personnel. Ces opportunités devraient inclure : la formation interne, la formation dans des centres spécialisés avec le personnel d’autres secteurs gouvernementaux/d’autres prisons, les qualifications nationales, les opportunités de formation dans les domaines connexes (travail social, etc.). Il ne devrait y avoir aucune discrimination dans les opportunités de développement professionnel. Le personnel pénitentiaire féminin et les effectifs appartenant à des groupes minoritaires doivent avoir le même accès aux formations que le reste du personnel.

Formation pour le personnel pénitentiaire en contact avec les détenu·e·s  en situation de vulnérabilité

Le personnel pénitentiaire devrait être formé à l’égalité et à la diversité, ainsi qu’au respect des droits et à la satisfaction des besoins des détenu·e·s en situation de vulnérabilité. Le personnel  devrait recevoir les compétences nécessaires à cette fin.

L’ensemble des personnels devrait être formé à la diversité culturelle, qui permet de se sensibiliser aux différentes perceptions et expériences des groupes autochtones et ethniques minoritaires en prison. Cette formation devrait permettre au personnel de savoir éviter les stéréotypes, la stigmatisation et les préjugés. Elle devrait inclure des informations pratiques relatives à d’autres traditions culturelles et religieuses, notamment différents comportements et attitudes vis-à-vis de la vie carcérale, de la criminalité et de la vie en général, et aider le personnel à acquérir le comportement et la communication appropriés.

L’ensemble du personnel pénitentiaire devrait être sensibilisé au handicap, mental et physique, et apprendre à rompre les attitudes stigmatisantes et à reconnaître que les détenu·e·s  handicapé·e·s  ont les mêmes droits humains que les autres. La formation devrait permettre au personnel d’identifier les détenu·e·s handicapé·e·s , de les superviser efficacement et de les prendre en charge adéquatement. Il s’agit notamment de veiller à ce que les personnes handicapées aient le même accès aux services et avantages que les autres détenu·e·s, et qu’elles soient protégées de toute forme de discrimination, violence ou abus, de la part du personnel ou de codétenu·e·s . La formation devrait également porter sur les principaux problèmes troubles et sur la prévention des suicides.

L’ensemble du personnel pénitentiaire devrait être formé à la protection des droits et à la satisfaction des besoins des détenu·e·s LGBTI, notamment aux différences entre orientation sexuelle et identité sexuelle, et au sous-groupe spécifiques représentés par l’acronyme LGBTI. Cette formation devrait permettre de sensibiliser le personnel aux questions d’identité sexuelle et d’orientation sexuelle, et de casser les préjugés concernant les personnes LGBTI. Le personnel pénitentiaire devrait être formé à l’interdiction absolue de la torture et d’autres formes de mauvais traitements des détenu·e·s LGBTI, à la prise en compte de leur situation spécifique dans la mise en oeuvre de certaines procédures (classification, placement, fouilles) et aux mesures appropriées permettant de protéger les détenu·e·s LGBTI de toute victimisation (par ex. de la violence et des abus commis par d’autres détenu·e·s).

Le personnel pénitentiaire en contact avec des détenu·e·s étrangers/-ères (qu’ils/elles soient en détention préventive, accusé·e·s d’un délit pénal ou en détention administrative en lien avec leur statut migratoire) devrait être formé aux droits, besoins spécifiques et aux difficultés des détenu·e·s étrangers/-ères, notamment à la manière dont la barrière linguistique peut les empêcher de réclamer leurs droits, et d’accéder aux services et bénéfices offerts aux détenus·e·s. Ces programmes de formation devraient couvrir les droits consulaires, les procédures d’immigration et la manière de prendre en charge les personnes détenues en raison de leur statut migratoire.

Au titre des normes internationales, les personnes détenues du fait de leur statut migratoire ne devraient pas être maintenues en prison ou dans un lieu similaire. Le personnel pénitentiaire en contact avec des détenu·e·s migrant·e·s devrait être formé pour comprendre que ces personnes ne sont pas condamnées ou suspectées d’avoir commis un délit pénal, que leur détention ne doit pas être punitive et devrait dans la plus grande mesure possible ressembler à la vie à l’extérieur (par ex. en terme d’habillement, de liberté de mouvement dans le lieu de détention, d’activités et de droits de visite, etc.). 

Le personnel pénitentiaire en contact avec des femmes détenues devrait être formé aux besoins spécifiques et aux droits fondamentaux des femmes. Cette formation devrait traiter des préjugés contre les femmes détenues et devrait aider le personnel pénitentiaire à comprendre les effets disproportionnés de l’emprisonnement sur les femmes ainsi que la manière de les minimiser. De telles formations devraient également viser à satisfaire les besoins sanitaires et de protection spécifiques des femmes. Le personnel devrait également être correctement formé aux procédures opérationnelles visant à protéger les droits et la dignité des femmes (par exemple lors des fouilles corporelles).

Le personnel pénitentiaire en contact avec des enfants devrait être formé aux droits et aux besoins spéciaux des enfants en prison, notamment en matière de protection compte tenu de leur jeune âge et de leur grande vulnérabilité. Cela inclut les normes internationales relatives aux droits de l’enfant et au principe de l'intérêt supérieur de l'enfant, ainsi qu’une formation de base à la psychologie et au bien-être des enfants. Lorsque les enfants sont autorisés à séjourner avec leur mère en prison, le personnel devrait être sensibilisé aux questions relatives au développement de l’enfant et être formé succinctement aux soins de santé pour les enfants afin d’être en mesure de réagir adéquatement en cas de besoin ou d’urgence.

Formation pour la direction de la prison

La direction de la prison (le/la directeur/-trice et ses adjoint·e·s), qui a une grande influence sur la culture dans la prison, doit posséder des compétences spéciales. Les responsables devraient recevoir une formation pointue aux compétences managériales. Cela vaut pour les responsables recruté·e·s en externe pour un poste et pour ceux/celles promu·e·s en interne (l’expérience dans le fonctionnement d’une prison pouvant être un atout pour les responsables, mais n’apportant pas nécessairement les compétences spécifiques nécessaires au management). La direction devrait également avoir la possibilité de se former régulièrement. 

Formation pour le personnel spécialisé travaillant en prison

Les membres du personnel technique (par ex. les médecins, enseignant·e·s, etc., qui rendent parfois compte à d’autres ministères) devraient être formés aux spécificités liées à l’exercice de leur rôle professionnel dans le milieu carcéral, notamment à leur obligation éthique. Par exemple, la première responsabilité du personnel soignant des prisons est de considérer les détenu·e·s comme des patient·e·s et de les traiter comme tel·le·s. Les dilemmes liés à ce contexte doivent être explicitement abordés pendant la formation. Le personnel soignant doit également être formé aux besoins sanitaires spécifiques des groupes vulnérables, par exemple les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les détenu·e·s LGBTI. Le personnel technique devrait également recevoir la même formation de base que le personnel pénitentiaire, dans la mesure où il a des responsabilités similaires de contrôle et de traitement des détenus·e·s.

Lien avec la culture et la politique institutionnelle

Afin d’être efficaces, les programmes de formation du personnel pénitentiaire devraient se fonder sur une vision institutionnelle du professionnalisme et viser à une approche cohérente de développement professionnel du personnel. Les formations doivent être clairement soutenues et intégrées dans la politique institutionnelle. Cela signifie que les pratiques et principes impartis doivent être soutenus par cette vision, par la mission et par les politiques et procédures opérationnelles de la prison. La direction et les cadres en charge de la supervision doivent être formé·e·s à ces principes et pratiques, et s’engager à les appliquer.

Les phases de formation théoriques et pratiques devraient être organisées de manière à évaluer de manière systématique la pratique concrète à la lumière des principes des droits humains.

Les séances de formation peuvent permettre d’intégrer à la culture de la prison les nouvelles recrues. La manière dont elles seront menées peut permettre de transmettre des messages forts aux nouvelles recrues quant à la manière dont fonctionne l’institution, et quant aux comportements attendus et acceptables. Elles devraient donc être constructives, respectueuses et non-discriminatoires en termes de contenu, de format et de langue.

Normes juridiques

Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela)

Règle 75

1. Tous les membres du personnel pénitentiaire doivent avoir un niveau d’instruction suffisant et se voir donner la possibilité et les moyens de s’acquitter de leurs fonctions de manière professionnelle.

2. Tous les membres du personnel pénitentiaire doivent suivre, avant d’entrer en service, une formation générale et spéciale adaptée, qui tienne compte des meilleures pratiques existantes fondées sur l’observation des faits dans le domaine des sciences pénales. Seuls les candidats ayant réussi les épreuves théoriques et pratiques sanctionnant cette formation sont autorisés à intégrer les services pénitentiaires.

3. L’administration pénitentiaire doit continuer d’offrir à son personnel une formation en cours d’emploi qui permette à ce dernier d’entretenir et d’améliorer ses connaissances et ses capacités professionnelles après son entrée en service et tout au long de sa carrière.

Règle 76.1

La formation visée au paragraphe 2 de la règle 75 doit inclure, au minimum, des enseignements concernant :

a) Les lois, réglementations et politiques nationales pertinentes, ainsi que les instruments internationaux et régionaux applicables, dont les dispositions doivent guider le travail et l’interaction du personnel pénitentiaire avec les détenus;
b) Les droits et devoirs qui s’appliquent aux membres du personnel pénitentiaire dans l’exercice de leurs fonctions, notamment le respect de la dignité humaine des détenus et l’interdiction de certains comportements, en particulier la torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants;
c) La sécurité et la sûreté, notamment la notion de sécurité dynamique, l’usage de la force et de moyens de contrainte, ainsi que la prise en charge des délinquants violents, en tenant dûment compte des techniques de prévention et de désamorçage telles que la négociation et la médiation [...]

Règle 76.1

La formation visée au paragraphe 2 de la règle 75 doit inclure, au minimum, des enseignements concernant :

d) Les premiers soins, les besoins psychosociaux des détenus et les dynamiques propres au milieu carcéral, ainsi que la protection et l’assistance sociales, notamment le dépistage précoce des problèmes de santé mentale.

Règle 76.2

Les membres du personnel pénitentiaire qui s’occupent de certaines catégories de détenus, ou qui ont d’autres fonctions spécifiques, reçoivent une formation spécialisée correspondante.

Règles des Nations unies pour la protection des mineurs privés de liberté

Règle 85

Le personnel doit recevoir une formation qui lui permette de s'acquitter de manière efficace de ses tâches en matière de réadaptation, et qui comporte, en particulier, une formation dans les domaines de la psychologie de l'enfant, de la protection de l'enfance et des normes internationales relatives aux droits de l'homme et aux droits de l'enfant, notamment les présentes Règles. Tout au long de sa carrière, le personnel devra maintenir et perfectionner ses connaissances et sa capacité professionnelle en suivant des cours de perfectionnement qui seront organisés périodiquement.

Principes de Jogjakarta sur l'application de la législation internationale des droits humains en matière d'orientation sexuelle et d'identité de genre

Principe 9

g) Mettre en place des programmes de formation et de sensibilisation du personnel pénitentiaire et de tous les autres responsables des secteurs public et privé travaillant dans les établissements de détention, au regard des normes internationales en matière des droits humains et des principes d’égalité et de non-discrimination, y compris en relation avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Principe 10

c) Mettre en place des programmes de formation et de sensibilisation de la police, du personnel pénitentiaire et de tous les responsables des secteurs privé et public qui sont en mesure de commettre ou d’empêcher de tels actes.

Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l'imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes (Règles de Bangkok)

Règle 33

1. Tout le personnel travaillant avec des détenues doit recevoir une formation sur les besoins spécifiques des femmes et sur les droits fondamentaux des détenues.

2. Une formation de base sur les principales questions liées à la santé des femmes doit être dispensée au personnel pénitentiaire travaillant dans les prisons pour femmes, en sus de la formation sur les premiers secours et sur les soins médicaux de base.

3. Lorsque les enfants sont autorisés à rester avec leur mère en prison, des cours de sensibilisation au développement de l’enfant et une formation de base en soins pédiatriques doivent aussi être dispensés au personnel pénitentiaire afin que celui-ci puisse intervenir efficacement en cas de besoin ou d’urgence.

Report of the Special Rapporteur on torture and other cruel, inhuman or degrad

Paragraph 81

81. The Special Rapporteur recommends that States adopt child-friendly administrative and criminal court procedures and train police officers, border guards, detention staff, judges and others who may encounter children deprived of their liberty in child protection principles and a better understanding of the vulnerabilities of children to human rights violations, such as torture and other forms of ill-treatment. Special mention should be made of girls, who are particularly vulnerable, and to special groups of children, such as minorities, disabled children and migrants.

Rapporteuse spéciale de l'ONU sur les droits des minorités, Rapport à l'Assemblée générale, A/70/212, 30 juillet 2015

Paragraphe 84

La non-discrimination et la promotion de la diversité culturelle devraient faire partie de la formation professionnelle de tout le personnel du système de justice pénale.

Paragraphe 85

Les minorités devraient être impliquées dans le processus de formation, y compris pour élaborer et fournir des modules de formation. Lorsque c'est possible, la formation devrait être continue et viser d'abord les cadres supérieurs de façon à ce qu'ils assurent la direction.

Paragraphe 86

Des programmes d'éducation appropriés du personnel chargé de l'application des lois, de celui du système judiciaire et des prisons devraient comprendre du matériel sur le respect des droits de l'homme, la tolérance et l'amitié entre groupes raciaux, ethniques ou religieux ainsi que pour sensibiliser aux relations interculturelles  et pour éliminer tout comportement discriminatoire (y compris le profilage informel).

Rapport du Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, A/HRC/31/57, 5 janvier 2016

Paragraphe 70

70. En ce qui concerne les femmes, les filles et les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres en détention, le Rapporteur spécial invite tous les États à :

[...] z) Mettre en oeuvre des programmes spécifiques de formation et de renforcement des capacités visant à sensibiliser les membres des forces de l’ordre et le personnel pénitentiaire à la situation et aux besoins propres des femmes et des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres en détention et aux normes telles que les Règles de Bangkok.

Règles pénitentiaires européennes

Règle 81.1

Avant d’entrer en fonctions, le personnel doit suivre un cours de formation générale et spétiale, et réussir des épreuves théoriques et pratiques.

Règle 81.2

L’administration doit faire en sorte que, tout au long de sa carrière, le personnel entretienne et améliore ses connaissances et ses compétences professionnelles en suivant des cours de formation continue et de perfectionnement organisés à des intervalles appropriés.

Règle 81.3

Le personnel appelé à travailler avec des groupes spécifiques de détenus – ressortissants étrangers, femmes, mineurs, malades mentaux, etc. – doit nécessairement recevoir une formation particulière adaptée à ses tâches spécialisées.

Règle 81.4

La formation de tous les membres du personnel doit comprendre l’étude des instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’homme, notamment la Convention européenne des droits de l’homme et la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, ainsi que l’application des règles pénitentiaires européennes.

Principes et bonnes pratiques de protection des personnes privées de liberté dans les Amériques

Principe XX – Personnel des lieux de privation de liberté

[…] Le personnel des lieux de privation de liberté reçoit une instruction initiale et une formation périodique spécialisée, un accent particulier étant mis sur le caractère social de leur fonction. La formation du personnel doit comprendre, au moins, une formation aux droits humains, aux droits, devoirs et interdictions dans l’exercice de leurs fonctions; et aux principes et règles nationales et internationales relatives à l’usage de la force, des armes à feu, ainsi qu’à la force physique. À ces fins, les États membres de l’Organisation des États Américains encouragent la création et la mise en œuvre de programmes d’apprentissage et d’enseignement spécialisés, avec la participation et la coopération d’institutions de la société civile et de l’entreprise privée.

Extrait du 11e rapport général du CPT [CPT/Inf (2001) 16]

Paragraphe 26

La pierre angulaire d'un système pénitentiaire à visage humain sera toujours un personnel soigneusement recruté et formé, qui sait adopter l'attitude appropriée dans ses relations avec les détenus et qui conçoit son travail plus comme une vocation qu'un simple emploi. Savoir créer des relations positives avec les détenus doit être reconnu comme étant l'un des éléments clefs de cette vocation

Extrait du 2e rapport général du CPT [CPT/Inf (92) 3]

Paragraphe 59

Enfin, le CPT souhaite insister sur la grande importance qu'il attache à la formation des responsables de l'application des lois (qui devrait inclure un enseignement en matière de droits de l'homme - cf. aussi l'article 10 de la Convention des Nations Unies contre la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants). On peut soutenir qu'il n'y a pas meilleure garantie contre les mauvais traitements des personnes privées de liberté qu'un fonctionnaire de police ou un fonctionnaire pénitentiaire correctement formé. Des fonctionnaires qualifiés seront à même d'exercer leurs fonctions avec succès sans avoir recours à des mauvais traitements et d'assumer l'existence de garanties fondamentales pour les détenus et prisonniers

Paragraphe 60

A cet égard, le CPT considère que l'aptitude aux techniques de communication devrait être un élément déterminant pour le recrutement des personnels chargés de l'application des lois et qu'en cours de formation une importance particulière devrait être accordée au perfectionnement des qualifications en ce domaine, se fondant sur le respect de la dignité humaine. De telles qualifications permettront souvent à un fonctionnaire de police ou pénitentiaire de désamorcer une situation qui pourrait autrement dégénérer en violence et, plus généralement, contribueront à atténuer les tensions et à améliorer la qualité de la vie dans les établissements de police et pénitentiaires et ce, au bénéfice de tous les intéressés.

24ème Rapport Général du Comité européen pour la prévention de la torture

Paragraphe 120

L'ensemble du personnel, notamment celui afecté à des tâches de surveillance, devrait recevoir une formation professionnelle, tant initiale que continue, et bénéfcier d'une supervision et d'un soutien extérieurs appropriés dans l'exercice de ses fonctions. Il convient d'accorder une attention particulière à la formation du personnel à la gestion des épisodes de violence, en particulier grâce à l'apaisement des tensions par la parole et aux techniques professionnelles de contention.

Paragraphe 121

Il appartient à l'administration des établissements d'assurer la protection des mineurs de tout type d'abus, y compris l'exploitation sexuelle et autres formes d'exploitation. Les membres du personnel devraient être attentifs aux signes de harcèlement (notamment les agressions physiques et sexuelles, les insultes, l'extorsion et le vol d'effets personnels appartenant à d'autres mineurs) et devraient savoir réagir et adopter une attitude proactive pour empêcher que de tels incidents ne se produisent.

Lignes directrices sur les conditions d’arrestation, de garde à vue et de détention provisoire en Afrique

25. Garanties procédurales et autres garanties

Les États doivent adopter, et faire connaître, des lois, politiques et procédures opérationnelles standard, conformes aux obligations des États membres en vertu de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et autres lois et normes internationales, afin de :

j. S’assurer qu’il y a suffisamment de personnel qualifié dans les centres de détention, que ce personnel est formé à ces Lignes directrices, incluant une formation particulière sur le soutien aux personnes vulnérables, et que ce personnel fait l’objet d’une surveillance effective et est tenu de rendre des comptes.

46. Formation

a. Les États doivent s’assurer que tous les agents impliqués dans l’arrestation, la garde à vue, l’interrogatoire et le traitement des personnes arrêtées, en garde à vue et en détention provisoire, sont convenablement formés aux dispositions de ces Lignes directrices. Les dispositions de ces Lignes directrices et d’autres Lignes directrices élaborées par la Commission Africaine en application de la Charte Africaine doivent être intégrées en totalité aux programmes de formation initiale et de formation continue.
b. Lorsque les centres de détention sont gérés par des organismes de sécurité privés ou dont le personnel relève de tels organismes, les États doivent s’assurer que l’ensemble du personnel est convenablement formé aux dispositions et à la mise en œuvre de ces Lignes directrices, de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et de toutes les autres Lignes directrices pertinentes élaborées par la Commission Africaine et les Nations Unies.

Conseil de l'Europe, Recommandation CM/Rec(2012)12 du Comité des Ministres aux Etats membres relative aux détenus étrangers, octobre 2012

Formation

39.1. Le personnel impliqué dans l’admission des détenus étrangers doit être formé de manière appropriée pour les prendre en charge.

39.2. Les personnes qui travaillent avec des détenus étrangers doivent être formées à respecter la diversité culturelle et être sensibilisés aux problèmes particuliers auxquels sont confrontés ces détenus.

39.3. Ce type de formation peut comprendre l’apprentissage des langues parlées le plus souvent par les détenus étrangers.

39.4. Les programmes de formation doivent être évalués et revus régulièrement afin de s’assurer qu’ils reflètent l’évolution des populations et du contexte social.

39.5. Les personnes qui travaillent avec des prévenus et des délinquants étrangers doivent être tenues informées du droit et des pratiques nationales en vigueur, ainsi que des lois et normes internationales et régionales relatives aux droits de l’homme concernant leur prise en charge, y compris la présente recommandation.

Spécialisation

40. Des spécialistes formés de manière appropriée doivent être engagés pour travailler avec les détenus étrangers et pour assurer la liaison avec les organismes, les professionnels et les associations pertinents sur les questions liées à ces détenus.

Questions pour le monitoring

Quelle formation le personnel pénitentiaire reçoit-il au moment de sa prise de fonction?

La formation est-elle participative, et inclut-elle des aspects pratiques et théoriques?

La formation initiale aborde-t-elle les principes des droits humains qui sous-tendent le travail en milieu carcéral ?

Le personnel pénitentiaire pense-t-il que la formation initiale offerte lui a apporté les connaissances, attitudes et compétences nécessaires à la réalisation de son travail ?

Le personnel reçoit-il des opportunités de développement professionnel supplémentaires tout au long de sa carrière ?

Les membres du personnel ont-ils/elles tous/toutes le même accès aux opportunités de formation continue (y a-t-il des signes de discrimination ?) ?

Les responsables (directeur/-trice et adjoint·e·s) reçoivent-ils/elles une formation adéquate sur les compétences managériales nécessaires à l’exercice de leur rôle ?

Comment le personnel pénitentiaire perçoit-il la nature/l’utilité de la formation reçue ? Y a-t-il des domaines dans lesquels le personnel pénitentiaire a le sentiment de ne pas être suffisamment formé/pourrait bénéficier d’une autre formation ?

Quel est le style/la nature de la formation du personnel (respectueuse, constructive, négative, abusive ?) ?

Existe-t-il des incohérences entre les messages envoyés par la formation sur le traitement des détenus et « la manière dont les choses sont faites » en réalité dans la prison ?

L’ensemble des personnels est-il formé à l’égalité et à la diversité et au respect des droits et des besoins des groupes de détenu·e·s  en situation de vulnérabilité ?

L’ensemble du personnel reçoit-il une formation sur le handicap ?

L’ensemble du personnel est-il formé au respect des droits et des besoins des détenus·e·s LGBTI ?

L’ensemble du personnel est-il formé à la diversité culturelle, pour mieux comprendre les différentes cultures et adopter une attitude et un langage appropriés et non discriminatoires ?

Le personnel en contact avec les détenu·e·s étrangers/-ères est-il formé au respect des droits et des besoins spécifiques de ces détenu·e·s ?

Le personnel en contact avec les femmes détenues est-il formé au respect des droits et des besoins spécifiques des femmes en prison ?

Le personnel en contact avec les enfants est-il formé aux droits et besoins spécifiques des enfants en prison, notamment en matière de protection ?

Le personnel technique (médecins, enseignant·e·s, etc.) reçoit-il une formation sur les spécificités de leur rôle en prison, notamment sur leurs obligations éthiques dans ce contexte ?

Lectures supplémentaires